La loi du 21 mars 2018 modifiant la loi sur la Fonction de police
Une chronique de Michel Claise, juge d'instruction.
CONTRIBUTION EXTERNE Publié le dimanche 15 juillet 2018 à 14h00 - Mis à jour le lundi 16 juillet 2018 à 11h25. lalibre.be
Tout commence en 2014. Le Conseil des affaires de l’Etat de la République populaire de Chine publie un document destiné à sensibiliser la société à l’intégrité et à la crédibilité du citoyen, un moyen de parfaire l’économie socialiste de marché. Quel but honorable ! Où cela coince, c’est par la mise en œuvre de ce projet. En 2017, à Shanghai, une application de reconnaissance faciale est programmée dans la mégapole, surveillant le comportement des citoyens pour leur octroyer une cote. 170 millions de caméras de vidéosurveillance sont ensuite installées dans toute la Chine, le chiffre prévu en 2020 devant atteindre 400 millions.
Dans certaines villes, l’identité des piétons qui traversent hors des passages autorisés est affichée sur des écrans géants jusqu’au payement de l’amende. De plus, tant que la somme n’est pas acquittée, le citoyen peut se voir refuser l’accès au transport, en train comme en avion. De là à penser que la vraie volonté du pouvoir de Pékin est d’instaurer un système de contrôle policier absolu qui ne se contentera pas de poursuivre uniquement le comportement délinquant de rue…
En tout cas, cela fonctionne, parce que plusieurs millions de Chinois se seraient déjà vus privés de leur droit à voyager. Heureusement, cela se passe loin de chez nous, souffleront, rassurés, les habitants de Belgique, tout émoustillés par la performance de l’équipe des Diables Rouges.
Eh bien non ! Chez nous, dans une indifférence relativement générale, la loi du 21 mars 2018 modifiant la loi sur la Fonction de police a été adoptée, ajoutant au cadre un article portant comme titre : "l’installation et l’utilisation de caméras de manière visible par les services de police." La loi vise les caméras mobiles, fixes, temporaires, intelligentes, dans tous les lieux ouverts, fermés, accessibles au public ou non, qu’elles soient placées dans des grands magasins, des hôpitaux, les aéroports, les gares… en rue, comme dans le domaine privé. C’est-à-dire toutes les caméras du Royaume où qu’elles se situent.
De plus, les policiers pourront installer à leur guise toute caméra fixe ou mobile, sans passer par une quelconque autorisation judiciaire.
CHRONIQUE
32554